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Quelle relation au travail ? Quand les Ressources Humaines sont face aux nouveaux défis.

La pandémie de Covid-19 a profondément modifié la relation des salariés à leur travail, mais contrairement à ce que certains pourraient penser, la valeur travail reste une notion centrale dans les entreprises. Selon le rapport Tendances RH 2024 d’Ipsos publié le 2 octobre dernier, 84 % des Directeurs des Ressources Humaines estiment que la crise sanitaire a accéléré la transformation des organisations, et 69 % d’entre eux affirment que la valeur accordée au travail demeure élevée dans leur entreprise. Faisons le point.

Si la valeur du travail n’a pas faibli, la relation au travail, elle, a évolué. 84 % des DRH reconnaissent que les attentes des salariés ont changé. Ils sont désormais à la recherche d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Un sentiment partagé par 58 % des salariés, qui voient en cette période une opportunité d’instaurer de nouvelles pratiques, même si les résultats sont contrastés.

Un désengagement certes limité, mais des attentes fortes

Contrairement aux idées reçues, les salariés français ne sont ni désengagés ni démotivés. Le phénomène du silent quitting et celui de la « grande démission », largement médiatisés dans d’autres pays, restent marginaux en France. Une majorité des employés (51 %) continue à faire de leur mieux au travail, et seulement 19 % envisagent sérieusement de quitter leur emploi. Les chiffres témoignent donc d’un attachement au travail et d’une volonté de bien faire, malgré les bouleversements des dernières années.

L’occasion manquée de la transformation du travail

Bien que la pandémie ait ouvert la voie à de nouvelles possibilités en matière de travail, certaines attentes des salariés n’ont pas été pleinement satisfaites. Si 58 % des salariés estiment que leur relation au travail a changé, une part importante d’entre eux se sent désenchantée. C’est le cas pour 28 % des employés des petites entreprises, qui ont constaté un retour aux pratiques d’avant pandémie, tandis que 45 % des cadres supérieurs ont perçu des changements positifs.

Les attentes en matière de bien-être au travail, d’autonomie et de responsabilisation ont été partiellement réalisées. Cependant, lorsqu’on compare ces aspirations à la situation actuelle, plusieurs indicateurs révèlent une dégradation, notamment dans les processus organisationnels. Les enjeux liés à la collaboration, à la simplification des procédures et à la communication interne sont devenus des points de tension dans des structures de plus en plus complexes.

Une organisation inefficace, première source de stress

L’un des constats les plus marquants du rapport est que la première cause de stress au travail, qui touche 38 % des salariés, réside dans une organisation inefficace. Les équipes collaborent mal, les décisions ne sont pas toujours prises ou appliquées, et cela affecte directement la qualité de vie au travail. En outre, le manque de respect ou d’attention de la part de la hiérarchie est une autre source de mal-être.

Les pratiques managériales, autrefois considérées comme un amortisseur du stress, sont jugées en dégradation par un salarié sur trois (36 %). Le manque de confiance et la difficulté à faire travailler les équipes ensemble sont des problématiques récurrentes, bien que la relation avec le manager direct reste globalement positive.

Le développement professionnel : un levier pour réenchanter le travail ?

Pour répondre aux attentes des salariés et améliorer leur motivation, les DRH doivent miser sur le développement professionnel. L’apprentissage de nouvelles compétences et les retours constructifs des managers sont les deux principaux leviers de motivation identifiés. Apprendre de nouvelles choses et renforcer ses compétences permettent non seulement d’améliorer l’efficacité au travail, mais aussi de redonner du sens à son activité professionnelle.

L’accompagnement des salariés dans leur parcours professionnel, à travers des formations et des opportunités d’évolution, est donc devenu un enjeu central. Cet accompagnement sera d’autant plus crucial que l’intelligence artificielle continue de transformer les métiers, avec des impacts encore difficiles à prédire.

Quand travailler plus longtemps est une crainte bien ancrée

Dans un contexte économique incertain, marqué par la montée des crises internationales, l’inflation et la réforme des retraites, la première crainte des salariés est de devoir prolonger leur carrière au-delà de ce qu’ils avaient prévu. En effet, 24 % des employés se disent prêts à travailler plus longtemps pour gagner davantage, et 26 % y songent sans avoir pris de décision ferme.

La gestion des carrières devient donc un enjeu prioritaire pour les entreprises, notamment en ce qui concerne les seniors, dont l’employabilité sera un facteur clé dans les années à venir. À court terme, l’acquisition de nouvelles compétences et l’évolution vers des postes plus adaptés aux aspirations des salariés seront essentielles pour les maintenir engagés et motivés.

Enquête réalisée par Ipsos au cours de laquelle 1700 salariés travaillant dans des entreprises ou dans la fonction publique ont été interrogées en ligne en France entre le 7 et le 24 mai 2024. La représentativité a été assurée selon la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, statut et secteur d’activités. 111 responsables et directeurs Ressources Humaines ont été interrogés en ligne du 10 avril au 22 mai 2024. Parmi ces professionnels RH, près de la moitié travaillent dans des organisations de plus de 50 000 salariés.

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