Inutile de faire la sourde oreille, l’enquête Ifop/Association nationale de l’audition de septembre 2024 « Bruit, santé auditive et qualité de vie au travail – Vague 8 » est sans appel : 62 % des salariés français sont gênés par le bruit au travail. Halte aux bruits de couloir, les nuisances sonores touchent toutes les catégories professionnelles et tous les âges. Pire, elles seraient la cause silencieuse d’un grand nombre de maux.
Les salariés et l’exposition au bruit en 2024, une cacophonie quotidienne qui s’insinue partout, pour tous
Du 14 au 19 octobre 2024, la semaine de la santé auditive organisée par l’Association nationale de l’audition militera pour la 9e fois consécutive afin que l’audition devienne une priorité de santé comme le souhaitent 80 % des Français1. Les résultats de l’enquête Ifop/Association nationale de l’audition de 2024 sont encore plus « criants » que l’année dernière, la souffrance auditive au travail a bondi de 10 % en une année.
L’enquête démontre que la nuisance sonore n’a pas d’âge : 64 % des interrogés gênés par l’exposition au bruit au travail ont moins de 35 ans contre 59 % 50 ans et plus. Plus surprenant encore, l’exposition excessive au bruit est subie quel que soit le mode de travail : en télétravail ou travail sur site. Le télétravail, souvent abordé comme un moyen de réduire l’exposition sonore des salariés, ne serait donc pas une solution pérenne et universelle.
Enfin, les salariés souffrant du bruit sont 49 % à estimer que leur exposition sonore professionnelle entraîne des répercussions sur leur audition et 73 % à estimer qu’elle entraîne plusieurs répercussions sur leur santé, tout particulièrement leur santé mentale.
L’épuisement professionnel serait-il un écho douloureux des nuisances sonores au travail ?
Selon les interrogés de l’enquête Ifop/ANA, l’exposition au bruit sur leur lieu de travail serait responsable, classés par ordre d’importance, de :
- Fatigue, lassitude et irritabilité,
- Stress,
- Gêne auditive,
- Troubles du sommeil,
- Acouphènes,
- Souffrance psychologique,
- Surdités,
- Hypertension artérielle.
Par ailleurs, les résultats 2024 mettent en évidence le fait que les salariés à s’être évalués en état d’épuisement professionnel élevé sont particulièrement touchés par des pertes temporaires de compréhension, des acouphènes et une surdité.
Ce phénomène de cause à effet s’explique tout simplement par le fait que le bruit déclenche une production anormalement élevée de certaines hormones comme l’adrénaline et le cortisol – qui font accélérer le cœur et la respiration – elles deviennent donc responsables entre autres de l’hypertension artérielle, des AVC ou bien encore de la perturbation du sommeil ou de la santé mentale.
Ces effets pernicieux du bruit, appelés effets extra-auditifs, sont donc loin de n’être qu’un ressenti comme le confirme le Professeur Puel, professeur de neurosciences, directeur de recherche Inserm et président de l’association Journée nationale de l’audition (JNA) : « Au mieux, vous rentrez chez vous épuisé ; au pire, au bout d’un certain temps, vous développez toutes les pathologies liées au stress : irritabilité, angoisse, troubles de l’attention et du sommeil, problèmes cardiovasculaires »2.
S’il semble encore difficile d’établir scientifiquement, selon le Haut Conseil de la santé publique3, le lien entre pollution sonore et dégradation de la santé mentale étant donné la multiplicité des facteurs en jeu, la gêne ressentie, la perturbation du sommeil, les effets sur le système cardiovasculaire ainsi que le retard dans les apprentissages des enfants sont des effets extra-auditifs reconnus par la science.
Pour en savoir davantage sur les risques liés aux ambiances sonores, consultez notre fiche prévention.
