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Accueillir un collègue ou un salarié pour son retour au travail après un cancer

Retravailler après un cancer reste, pour un grand nombre de malades, un défi mais aussi de plus en plus souvent un but à atteindre afin de renouer avec leur monde « d’avant ». De nombreuses initiatives gouvernementales comme privées encadrent les malades du cancer afin de faciliter leur retour comme le maintien dans leur emploi. À l’occasion d’Octobre Rose, mois dédié à la sensibilisation sur le cancer du sein, il est d’autant plus crucial de mettre en lumière les enjeux du retour à l’emploi pour les salariés touchés par cette maladie. Cependant, encore aujourd’hui, collègues comme encadrants se retrouvent souvent démunis quant à l’attitude à adopter vis-à-vis de ce salarié. Faisons le point.

Le retour au travail après un cancer, retrouver une « vie normale » avant tout

Avant toute chose, il s’agit de comprendre l’enjeu fondamental que représente la reprise du travail pour un salarié qui a subi un traitement contre le cancer. Selon l’HAS : « Le retour au travail est considéré pour une majorité des patients atteints de cancers comme un élément de reconstruction essentiel »1.

Aujourd’hui, selon l’Institut national du cancer2, 4 millions de personnes vivent avec ou après un cancer. Si 40 % des personnes étaient en activité au moment de leur diagnostic, 20 % des malades entre 18 et 54 ans ne sont plus en activité 5 ans après l’annonce de la maladie. Outre les séquelles liées à la maladie ou aux traitements qui touchent 63,5 % des malades du cancer cinq plus tard (troubles cognitifs, fatigue physique ou mentale, etc.), ce sont les conditions de travail, les tensions et les incompréhensions des encadrants ou de leurs collègues qui fragilisent ce retour à l’emploi des malades alors qu’il devrait représenter un élément clé de leur équilibre.

Faciliter la communication entre collègues et éviter les maladresses

Lorsque le salarié ou le collègue revient après plusieurs mois d’absence pour le traitement de son cancer, de nombreuses questions se posent. Mieux vaut-il faire comme si de rien n’était ou plutôt chercher à s’intéresser à sa maladie et à ce qu’elle impose dans son quotidien ?

Avant tout, quelques maladresses s’éviteront très facilement telles que les remarques acerbes telles que : « Tes vacances sont finies ? » ou « Nous aussi on est fatigués, surtout qu’on a dû reprendre toute ta charge de travail pendant ton absence ».

De plus, Julie Daul, psychologue du travail pour la Ligue nationale contre le cancer affirme : « Une écoute bienveillante est plus importante que de trouver la bonne phrase. On peut tout à fait ne pas avoir de mots face à certaines situations »3. Une écoute bienveillante qui sera facilitée par le fait que la grande majorité des salariés atteints de cancer n’ont pas vraiment de tabous à parler de leur maladie au travail, on estimait ainsi en 2022 que 83 % des salariés ont fait part ouvertement de leur maladie au sein de leur entreprise4.

Le maintien dans l’emploi d’un salarié atteint de cancer est primordial, ainsi l’aménagement de son temps de travail et de son poste n’est pas seulement qu’une affaire d’organisation, mais aussi et surtout de bienveillance, n’est-il pas temps d’en finir avec la double-peine ?

Quels sont les dispositifs de maintien en emploi pour un retour à l’emploi après un cancer ?

Plusieurs dispositifs sont à disposition pour accompagner au mieux les salariés dans cette phase délicate de retour à l’emploi, en prenant en compte leurs besoins et leur santé.

Le rendez-vous de liaison

Destiné aux salariés en arrêt de travail de plus de 30 jours, ce rendez-vous peut être initié par le salarié ou l’employeur. Le Service de Prévention et de Santé au Travail (SPST) peut y être associé, notamment par le biais de la cellule de prévention de la désinsertion professionnelle.

Les objectifs de ce dispositif sont multiples :

  • informer le salarié des actions de prévention contre la désinsertion professionnelle ;
  • présenter la visite de pré-reprise ;
  • discuter des éventuels aménagements de poste.

Il est important de noter que l’employeur n’a pas l’obligation d’organiser ce rendez-vous, mais doit simplement informer le salarié de son existence. Le salarié est libre d’accepter ou de refuser cette rencontre.

La visite de pré-reprise

Réalisée par le médecin du travail, cette visite évalue l’adéquation entre les capacités du salarié et son poste à la suite de la maladie. Accessible aux salariés ayant un arrêt de plus de 30 jours, elle peut être sollicitée par le salarié, le médecin-conseil, le médecin traitant ou le médecin du travail. Cette démarche volontaire offre au salarié la possibilité d’anticiper son retour et d’envisager les adaptations nécessaires pour une reprise dans de bonnes conditions.

À la suite de cet examen, le médecin du travail peut recommander des aménagements du poste ou du temps de travail, proposer un bilan de compétences ou orienter vers une formation en vue d’une reconversion professionnelle.

Attention, cette visite est distincte de la visite de reprise, qui est obligatoire et doit être organisée par l’employeur dans les 8 jours suivant le retour au poste.

Le temps partiel thérapeutique

Ce dispositif permet à un salarié, après un arrêt maladie, de reprendre progressivement son activité professionnelle ou de se maintenir à son poste sans arrêt préalable. Prescrit par le médecin traitant et validé par le médecin-conseil de l’assurance maladie, il offre une transition adaptée vers une reprise complète.

La reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH)

Après un cancer, des séquelles physiques et/ou psychologiques peuvent impacter durablement les capacités des salariés. Obtenir la RQTH peut s’avérer bénéfique, car elle permet d’accéder à des financements pour l’aménagement de poste, des formations ou des bilans de compétences. Attribuée pour une période de 1 à 5 ans, cette reconnaissance est renouvelable.

Accueillir un collègue ou un salarié après un cancer nécessite une attention particulière, mêlant organisation, bienveillance et compréhension. Si des dispositifs existent pour faciliter le retour à l’emploi, l’attitude des encadrants et des collègues joue un rôle tout aussi crucial dans cette période de transition. Le respect, l’écoute et l’adaptation des conditions de travail sont des clés pour permettre à la personne de retrouver une place dans l’entreprise, tout en prenant en compte ses nouvelles réalités. Accompagner ces salariés, c’est leur donner les moyens de reconstruire leur vie professionnelle, essentielle à leur équilibre personnel.

  1. https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2019-02/reco271_argumentaire_maintien_en_emploi_v1.pdf ↩︎
  2. https://www.e-cancer.fr/Expertises-et-publications/Catalogue-des-publications/Livret-Cancer-Travail ↩︎
  3. https://www.sudouest.fr/sante/destination-sante/retour-au-travail-apres-un-cancer-comment-accueillir-votre-collegue-19365628.php?csnt=192569c3ef9 ↩︎
  4. enquête BVA/Institut national du cancer (INCa) de 2022 ↩︎

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