En 2020, 2,6 millions de salariés1 sont en situation de handicap dont 1 million sont reconnus par l’État. Handicap moteur, incapacité à la suite d’un accident de travail, maladies chroniques, maladies professionnelles, handicap mental, chaque travailleur handicapé est différent, pourtant chacun d’entre eux ont en commun l’obligation de faire face à de nombreux défis pour faire perdurer leur carrière professionnelle. Une enquête de la Dares publiée en mai 2024, croisée au rapport publié en juillet 2023 par l’ORS Bourgogne Franche-Comté, nous permet de faire le point sur la situation actuelle des actifs handicapés dans le monde du travail.
Travailler avec une maladie chronique ou un handicap, quand la pénibilité physique s’ajoute au handicap
L’étude de la Dares a souhaité comparer les difficultés de conditions de travail vécues par l’ensemble des salariés et les difficultés de conditions de travail vécues par les salariés handicapés. Il en résulte que, parmi les plus grands facteurs de pénibilité cités par ces derniers, apparaissent la pénibilité physique et l’intensité du travail. Une situation plutôt paradoxale alors que les actifs handicapés, tout particulièrement les actifs reconnus handicapés, sont réglementairement tous susceptibles de pouvoir bénéficier d’une adaptation de leur poste de travail.
Les travaux menés par la FIRAH (Fondation Internationale de Recherche Appliquée sur le Handicap), l’Agefiph et l’ORS Bourgogne Franche-Comté dans leur récente étude nous permettent de mieux comprendre la situation. Pour les salariés handicapés, l’aménagement du poste de travail est un devoir de l’employeur, cependant ces aménagements effectués ne sont que trop rarement évolutifs. De ce fait, une grande partie des salariés handicapés dont le handicap n’est pas stabilisé (handicaps évolutifs ou maladies chroniques) souffre physiquement de son travail.
Quand le statut de travailleur handicapé crée l’isolement dans le travail
La Dares relève les difficultés sociales et émotionnelles accrues des salariés handicapés ou en situation de handicap dans le cadre professionnel telles qu’un manque de soutien social et de reconnaissance, un manque d’autonomie ou bien encore des difficultés hiérarchiques.
Malheureusement, malgré de nombreuses évolutions et dispositifs réglementaires, les discriminations de toutes sortes quant au handicap dans le monde du travail sont encore bien trop présentes. L’étude de l’ORS Bourgogne Franche-Comté et ses nombreux témoignages soulignent, notamment, l’importance cruciale de l’inclusion du salarié actif dans le « collectif » d’une équipe de travail « valide ».
« Ayant intégré les doutes et les suspicions qui pèsent sur leurs épaules, les TH rencontrés se disent subir « une double peine » entre leur handicap et le regard des autres – employeurs et collègues. »2
Nous notions par exemple en 2023 dans notre article concernant les actifs atteints de maladies chroniques que 55 % auraient été victimes de harcèlement moral dans l’emploi contre 35 % de la population active.
La précarité, la menace quotidienne de la majorité des travailleurs en situation de handicap
Un des plus grands écarts notés par la Dares entre les salariés « valides » et les actifs handicapés réside en la notion d’instabilité du travail. Et, malheureusement, le ressenti des interrogés de cette étude se confirme en de nombreux points :
- En 2020, le taux de chômage pour l’ensemble de la population est de 8 %3, pour les personnes en situation de handicap le taux de chômage est de 12 % et de 14 % pour les travailleurs handicapés reconnus administrativement.
- Selon la Dares, les travailleurs handicapés reconnus sont 34 % à travailler à temps partiel contre 18 % du reste de la population active.
